Private Equity vs Bourse : quelles différences de risque ?
Private equity ou Bourse : comment diffèrent les risques de ces investissements ? Volatilité, horizon de placement, liquidité... Comparaison claire, exemples concrets et conseils pour investir en confiance.
Investir en Bourse (actions cotées) ou en Private Equity (capital-investissement dans des sociétés non cotées) n’implique pas le même type de risque. Pour un investisseur particulier, il est essentiel de comprendre comment ces deux univers d’investissement diffèrent en termes de volatilité, de liquidité et d’horizon de placement, afin de prendre des décisions éclairées. Dans cet article pédagogique, nous allons comparer les risques de la Bourse et du Private Equity avec des exemples concrets, des analogies parlantes et des données chiffrées.
Volatilité : montagnes russes quotidiennes vs stabilité apparente
En Bourse, les cours fluctuent au jour le jour, donnant parfois l’impression de véritables montagnes russes. Il n’est pas rare de voir une action prendre ou perdre plusieurs pourcents en une seule séance. Par exemple, lors du krach boursier de mars 2020, l’indice CAC 40 a plongé d’environ 37% en l’espace de quelques semaines, avant de rebondir par la suite. Cette forte volatilité signifie que la valeur de votre portefeuille d’actions peut varier énormément à court terme, à la hausse comme à la baisse.
En Private Equity, les variations de valeur sont beaucoup moins visibles au quotidien. Les participations dans les entreprises non cotées ne sont généralement réévaluées que trimestriellement ou lors d’un événement significatif (une nouvelle levée de fonds, une vente, etc.). Cela confère une stabilité apparente : l’investisseur ne voit pas son capital osciller tous les jours. Mais attention, ce calme est en partie trompeur. L’absence de cotation en continu ne signifie pas absence de risque. En fait, si une entreprise du portefeuille de Private Equity rencontre des difficultés, sa valeur pourra être fortement ajustée lors de la réévaluation, même si cela n’apparaît pas immédiatement. L’important est de retenir que la volatilité observable est différente : haute en Bourse, plus lissée en Private Equity. Pour l’investisseur particulier, cela se traduit par une expérience émotionnelle différente – le stress quotidien des cours qui bougent vs la patience de suivre des rapports périodiques – mais dans les deux cas, il faut être prêt à voir la valeur fluctuer sur la durée.
Liquidité : accès immédiat vs capital bloqué
La liquidité représente la facilité avec laquelle on peut acheter ou vendre un investissement. De ce point de vue, la Bourse l’emporte haut la main : on peut vendre ses actions en quelques clics à tout moment pendant les heures d’ouverture des marchés. Besoin urgent de cash ? Votre portefeuille d’actions peut être converti en argent en 24-48h. Cette liquidité apporte une flexibilité précieuse, mais elle a un revers : la tentation de vendre au mauvais moment sous le coup de l’émotion. Parce que l’argent est accessible en permanence, l’investisseur peu discipliné risque de céder à la panique lors d’un creux du marché (par exemple, vendre après une chute brutale comme celle de mars 2020) ou au contraire de sur-trader en poursuivant les hausses.
En Private Equity, c’est tout l’inverse : votre argent est bloqué pour longtemps. Quand vous investissez dans un fonds de private equity, vous vous engagez généralement pour 5 à 10 ans minimum. Il n’existe pas de marché public où vendre vos parts du jour au lendemain. Imaginez que le Private Equity, c’est comme un coffre-fort avec une minuterie : une fois l’argent déposé, impossible de l’ouvrir avant l’échéance fixée. Il existe bien un marché secondaire où certaines parts de fonds peuvent s’échanger, mais c’est limité, souvent à décote, et réservé à des initiés. Cette illiquidité est un risque en soi : vous devez être certain de ne pas avoir besoin de ces fonds à court terme. En contrepartie, elle peut être une force pour l’investisseur long terme, car elle impose de garder le cap. Là où la liquidité boursière peut encourager des mouvements impulsifs, l’illiquidité du Private Equity vous protège de vous-même en quelque sorte – vous ne pouvez pas vendre sous le coup de la panique puisque vous ne pouvez pas vendre du tout avant le terme. C’est le prix à payer pour espérer des rendements potentiellement plus élevés : accepter de sacrifier la flexibilité.
Horizon d’investissement : sprint contre marathon
Ces différences de liquidité impliquent naturellement un horizon d’investissement très différent. Investir en actions cotées peut se faire sur tous les horizons, du trading ultra-court terme au placement sur 15 ans pour sa retraite. En pratique, beaucoup d’investisseurs en Bourse ont un horizon plus court qu’ils ne le pensent. Saviez-vous qu’en 2020, la durée moyenne de détention d’une action n’était que d’environ 5,5 mois ? Cela signifie qu’en moyenne, entre les mains de différents acheteurs, un titre change de propriétaire en moins de six mois. Cette statistique, portée notamment par le trading haute fréquence et les investisseurs institutionnels, illustre à quel point l’approche boursière tend vers le court terme de nos jours.
Le Private Equity, lui, s’apparente plutôt à un marathon. On parle d’un horizon de 8 à 10 ans en moyenne, le temps pour les entreprises non cotées de mûrir, se développer, puis être cédées (introduction en Bourse, rachat industriel, etc.). Il faut donc avoir une vision de long terme. Pour filer l’analogie sportive, investir en Bourse revient parfois à courir un sprint – on peut entrer et sortir rapidement, et il faut supporter des à-coups violents –, tandis que le Private Equity est une course de fond : on s’engage sur la distance, avec endurance et patience, sans possibilité de quitter la course en route. Cet horizon long permet aux gérants de fonds de déployer des stratégies de création de valeur (amélioration opérationnelle des entreprises, acquisitions, etc.) qui prennent du temps. En tant qu’investisseur particulier, cela implique de bloquer des capitaux et d’accepter de ne pas voir le fruit de son investissement avant plusieurs années. C’est un engagement plus contraignant, mais potentiellement plus payant pour qui va jusqu’au bout.
Diversification : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier
Le profil de risque diffère également dans la nature même des risques encourus. Sur les marchés cotés, surtout si vous investissez via des fonds indiciels ou des paniers d’actions, le principal risque est le risque de marché : une crise économique, une récession, une pandémie… et la plupart des actions chutent en tandem. Cependant, il est facile pour un particulier de diversifier en Bourse : avec un simple ETF, on peut détenir un petit morceau de 500 entreprises d’un coup ! Cette diversification réduit fortement le risque spécifique à une entreprise. Si l’une d’elles fait faillite, l’impact sur l’indice est minime. En revanche, si vous décidez de miser sur une poignée d’actions individuelles, attention à ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier : il suffit que l’entreprise X coule (scandale financier, disruption technologique, etc.) pour que votre investissement soit en péril. Heureusement, l’offre de produits (fonds, ETFs, SICAV) permet aux particuliers de diversifier aisément leurs placements boursiers.
En Private Equity, la diversification existe aussi mais prend une autre forme. Si vous investissez via un fonds, celui-ci va généralement prendre des participations dans 10, 20, 30 entreprises différentes, parfois plus, ce qui dilue le risque lié à l’échec de l’une d’elles. Les gestionnaires de fonds savent qu’il suffit de quelques succès éclatants (la startup du portefeuille qui devient le futur « licorne ») pour compenser les éventuels échecs, et ils veillent à ne pas être trop concentrés sur un seul projet. En ce sens, un fonds de Private Equity bien géré ne place pas non plus tous ses œufs dans le même panier – tout comme un ETF en Bourse. Cependant, par rapport à un grand indice boursier, un fonds de Private Equity reste souvent concentré sur un segment particulier (par exemple des PME européennes du secteur santé) et comporte donc un risque idiosyncratique plus élevé que le marché global. De plus, l’investisseur particulier ne peut généralement pas accéder à autant de fonds différents qu’il le ferait d’actions : les tickets d’entrée et les contraintes font qu’il aura peut-être 1 ou 2 fonds de Private Equity dans son allocation, là où il pourrait posséder 5 ou 6 ETFs couvrant différentes régions du monde en Bourse. Par ailleurs, le niveau d’information et de transparence n’est pas le même : une société cotée publie résultats trimestriels et communiqués réglementés, alors qu’une entreprise non cotée partage peu d’information publique. Vous faites confiance à votre gérant de fonds pour suivre la performance en coulisses. Cela peut ajouter un risque de confiance : êtes-vous prêt à déléguer sans voir en temps réel ce qu’il se passe ? Beaucoup d’investisseurs expérimentés diront que oui, si le gérant est de qualité, car cela évite justement de stresser sur les soubresauts du marché.
Rendements à long terme : que disent les chiffres ?
Parler de risque sans parler de rendement serait incomplet. Après tout, si on accepte un risque différent, c’est dans l’espoir d’une récompense à la hauteur. Historiquement, les marchés actions ont offert un rendement moyen d’environ 7 à 10% par an sur le long terme (pour un indice large) et constituent une des classes d’actifs les plus performantes. Qu’en est-il du Private Equity ? Les données montrent que sur le long terme, le Private Equity a souvent surperformé les actions cotées. Par exemple, sur les périodes de 5, 10, 15 et 20 ans terminées fin 2023, les fonds de private equity nord-américains ont fait mieux que l’indice S&P 500. De même, selon Hamilton Lane, $1 investi dans le private equity en 2018 valait $2,24 cinq ans plus tard, contre $1,23 pour $1 investi en Bourse sur la même périodehamiltonlane.com. Cette surperformance moyenne s’explique par la prime de risque : les investisseurs privés exigent un rendement plus élevé pour compenser l’illiquidité et le risque accru, et les gérants travaillent activement à créer de la valeur dans les entreprises du portefeuille.
Un autre chiffre illustre l’attrait du Private Equity : les encours mondiaux de cette classe d’actifs sont passés d’environ 600 milliards de dollars en 2000 à 9 700 milliards en 2022hamiltonlane.com. Ce développement international spectaculaire montre que de plus en plus de capitaux sont alloués au non-coté. En parallèle, le nombre de sociétés cotées disponibles sur les marchés publics a diminué au fil du temps (baisse d’environ 35% du nombre d’entreprises cotées aux États-Unis sur les dernières décennies), tandis que le nombre d’entreprises privées, lui, a explosé (+43%)fsinvestments.com. Autrement dit, une part croissante de la création de valeur économique se fait en dehors des marchés boursiers traditionnels, ce qui pousse les investisseurs à s’y intéresser. D’ailleurs, historiquement réservé aux grands institutionnels (fonds de pension, assurances, family offices), le private equity s’ouvre de plus en plus aux particuliers fortunés : aux États-Unis, les autorités ont recommandé d’élargir l’accès des investisseurs à ces placements alternatifs pour profiter de leur surperformance et de leur diversificationhamiltonlane.com. En Europe et en France, on voit apparaître des véhicules dédiés (fonds communs de placement à risque – FCPR, crowdfunding equity, etc.) afin de démocratiser cet investissement de long termefsinvestments.com.
Bien sûr, chaque médaille a son revers. Si le private equity a “tranquillement surperformé” les indices boursiers sur 20 ansfsinvestments.com, c’est en échange d’un risque et de contraintes plus élevés : faible liquidité et moindre transparence entre autres. Comme le résume FS Investments, « en échange de ces rendements attrayants, les investisseurs en private equity renoncent à la liquidité et à la transparence des marchés publics »fsinvestments.com. Tout est donc question de couple risque-rendement et d’adéquation avec votre profil. Si vous recherchez la sécurité totale, aucun de ces placements n’est garanti et le capital est à risque dans les deux cas (la Bourse peut chuter lourdement, le private equity peut essuyer des échecs retentissants). Mais en diversifiant et en investissant sur la durée, on constate qu’un équilibre intelligent entre Bourse et Private Equity peut renforcer un portefeuille.
En résumé : deux approches complémentaires pour l’investisseur avisé
Bourse et Private Equity présentent des profils de risque très différents, mais complémentaires. La Bourse offre liquidité, visibilité et volatilité, là où le Private Equity propose engagement long terme, contrôle accru des investissements (par les fonds) et potentiel de rendement supérieur à condition d’accepter l’illiquidité. Un investisseur particulier averti pourra tirer parti des deux mondes : par exemple, conserver une base liquide en actions cotées diversifiées, tout en allouant une partie de son capital à du private equity pour dynamiser le rendement à long horizon. L’important est de bien évaluer votre tolérance au risque, vos besoins de liquidité et votre horizon de placement. Avec une vision claire de ces différences, vous pouvez investir en toute confiance en sachant à quoi vous attendre.
(Pour rappel, toute décision d’investissement doit être mûrement réfléchie ou accompagnée par un conseil professionnel. Les performances passées ne garantissent pas les performances futures, et il faut être conscient des risques propres à chaque type de placement.)
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