Comparaison des plateformes d’investissement en Private Equity
Découvrez les meilleures plateformes d’investissement en Private Equity. Analyse des options disponibles en France et en Europe pour optimiser votre portefeuille.

Le développement du numérique et l’appétit croissant des particuliers pour le Private Equity ont fait émerger ces dernières années de nouvelles plateformes en ligne. Celles-ci visent à démocratiser l’accès à cette classe d’actifs longtemps réservée aux professionnels. En France et en Europe, on voit apparaître des plateformes permettant d’investir soit dans des fonds de Private Equity de premier plan avec des tickets plus réduits, soit directement dans des startups et PME via le crowdequity (financement participatif en capital). Ce deuxième article passe en revue les principales plateformes disponibles, leurs modèles, frais et performances, afin de vous aider à identifier les canaux adaptés à votre stratégie d’investissement. Nous proposerons également des tableaux comparatifs pour mieux visualiser l’offre, les conditions (ticket minimum, frais) et les avantages/inconvénients de chaque plateforme.
Panorama des plateformes : deux approches pour les investisseurs particuliers
On peut classer les plateformes Private Equity en deux grandes catégories :
- Plateformes d’accès à des fonds professionnels – Ce sont des fintechs ou sociétés de gestion qui donnent accès, via leur interface, à des fonds de Private Equity “haut de gamme” habituellement réservés aux institutionnels. Elles mutualisent les souscriptions des particuliers pour atteindre le minimum requis des fonds. Exemple : Moonfare, Ramify, Altaroc… L’investissement se fait dans un fonds diversifié géré par une équipe experte, ce qui réduit le risque idiosyncratique (vous ne pariez pas sur une seule startup, mais sur un portefeuille d’entreprises). En contrepartie, les montants à investir restent substantiels (souvent plusieurs milliers d’euros au minimum) et l’horizon de placement est de ~10 ans avec faible liquidité (on investit dans un fonds fermé classique).
- Plateformes de crowdequity (financement participatif en actions) – Ici, il s’agit d’investir en direct au capital de startups ou PME proposées sur la plateforme, aux côtés d’une multitude d’autres investisseurs individuels. Ces sites présentent des projets entrepreneuriaux (jeune pousse tech, PME en croissance, promotion immobilière, etc.) et chacun peut souscrire un petit montant (souvent dès quelques centaines d’euros). Exemples : WiSEED, Anaxago, LITA.co, Sowefund, ou à l’échelle européenne Crowdcube et Seedrs. L’avantage est la faible barrière à l’entrée (tickets de 100 € parfois) et le côté “investissement passion” (on choisit des projets concrets). En revanche, le risque est très élevé sur chaque entreprise prise isolément (forte probabilité de perte en capital) et il n’y a pas de diversification automatique – c’est à l’investisseur de construire son portefeuille de startups pour espérer que quelques succès compenseront les échecs.
En résumé, les plateformes du 1er type permettent d’accéder à des fonds gérés par des professionnels, avec diversification et track-record, tandis que celles du 2ᵉ type offrent la possibilité de sélectionner soi-même des entreprises non cotées à financer (une approche plus spéculative, proche du rôle de business angel amateur). Certaines plateformes combinent d’ailleurs les deux approches : par ex. Anaxago propose à la fois du crowdfunding immobilier/startups et un fonds “AxCLimat I” accessible dès 100 k€ pour investir de façon diversifiée dans 80-100 PME européennes.
Plateformes d’accès aux fonds de Private Equity
Moonfare – C’est l’une des plateformes pionnières en Europe pour ouvrir les fonds de Private Equity aux particuliers. Fondée en Allemagne en 2018, Moonfare permet d’investir dans de grands fonds de buyout ou de growth habituellement réservés aux institutionnels. Elle s’adresse tout de même à une clientèle aisée : le ticket minimum est d’environ 100 000 € par fonds (contre 5 à 10 fois plus en souscription directe sans Moonfare). Sur Moonfare, on retrouve des fonds gérés par des sociétés de premier plan comme KKR, Apax, Ardian, EQT, Carlyle, etc., couvrant diverses stratégies (LBO large cap, capital croissance, capital risque via des fonds spécialisés, etc.). L’investisseur crée un compte, passe un processus de vérification (Moonfare ne retient que des clients qualifiés ou professionnels au sens règlementaire, puis peut choisir parmi les fonds en cours de levée sur la plateforme. Moonfare apporte quelques atouts intéressants : d’abord, la mise de fonds n’est pas intégralement bloquée dès le début, puisque les appels de capitaux se font progressivement comme dans tout fonds (environ 20 % par an sur 5 ans). Ensuite, Moonfare a mis en place un marché secondaire interne où, deux fois par an, les investisseurs peuvent tenter de revendre tout ou partie de leurs parts à d’autres membres. Ce marché fonctionne par enchères, et le vendeur paye des frais (minimum 3 000 €, soit 3 % sur 100 k€). Cela apporte une liquidité partielle avant l’échéance normale du fonds, ce qui est un vrai plus comparé à un fonds traditionnel où on ne peut pas sortir. Côté frais, Moonfare ajoute les siens aux frais du fonds : typiquement 1 % de frais d’entrée + 0,8 % de frais annuels en plus des 2 %/20 % du fonds lui-même. En somme, Moonfare “démocratise” l’accès aux meilleurs fonds en abaissant le seuil d’entrée (100 k€), mais cela reste réservé à des investisseurs avertis et fortunés, avec des frais totaux à bien considérer.
Ramify – À l’opposé, Ramify est une FinTech française qui vise un public plus large en proposant des fonds de Private Equity accessibles dès 1 000 € seulement. Ramify s’est d’abord fait connaître pour sa plateforme de conseil en investissement et de gestion pilotée en assurance-vie/PER, avant d’étoffer son offre avec du Private Equity en direct. Sur l’interface Ramify, on trouve un catalogue de plus de 60 fonds de divers gestionnaires, dont certains noms reconnus (par ex. Eurazeo Private Value 3, NextStage Capital ou Altaroc Global) avec chacun leur minimum (certains à 1 000 €, d’autres 10 k€ ou 100 k€ selon le fonds). La plateforme accompagne l’investisseur dans le choix : Ramify réalise un diagnostic personnalisé en fonction du profil (diversification recherchée, appétence pour la réduction d’impôt via FIP/FCPI, réinvestissement d’une plus-value via apport-cession, etc.). Sur cette base, ils suggèrent une sélection de fonds. Ramify indique appliquer 0 % de frais d’entrée actuellement sur les fonds proposés– se rémunérant sans doute via une rétrocommission des sociétés de gestion. L’un des atouts de Ramify est d’avoir pré-sélectionné des fonds de qualité selon leurs propres critères (track-record du gérant, stabilité de l’équipe, stratégie, etc.), ce qui simplifie la démarche pour un particulier. En quelque sorte, Ramify mutualise l’accès à des fonds qui, en direct, auraient demandé d’être client privé d’une banque ou de mettre des tickets très élevés. C’est une solution grand public pour qui veut ajouter du Private Equity à son portefeuille dès 1 000 € ; il faut en revanche noter que, hormis l’absence de frais d’entrée, les fonds en eux-mêmes conservent leurs frais annuels ~2 % et carry 20 %, et l’illiquidité reste de mise (fonds bloqués ~10 ans). L’avantage est l’accessibilité financière, l’inconvénient est que cela reste du Private Equity classique sur la durée (pas de marché secondaire organisé comme chez Moonfare, même si en pratique, détenir via un compte titres peut permettre de céder de gré à gré, mais sans facilité offerte publiquement).
Autres plateformes similaires : En France, on peut mentionner Altaroc – qui propose un fonds de fonds (fonds multi-gestion) investi en Private Equity, accessible dès 100 k€. Altaroc a sorti en 2022 un véhicule “grand public” focalisé sur le marché français et européen, avec une approche diversifiée. De grandes banques commencent aussi à lancer des offres pour particuliers fortunés : par exemple, Schroders Capital ou Eurazeo via des ELTIF (fonds d’investissement alternatifs européens à vocation longue) accessibles autour de 10 k€ dans certains cas. Ces ELTIF « nouvelle génération » visent justement à ouvrir le non coté au plus grand nombre, tout en offrant une liquidité périodique. Il faut surveiller ce secteur car l’offre évolue vite.
A noter que Les plateformes en elles-mêmes ne produisent pas des performances, elles donnent accès à celles des fonds ou projets sous-jacents. Sur Moonfare, les fonds visent généralement 10-15 % de TRI net par an sur 8-12 ans (ce sont les objectifs classiques du secteur) – par exemple un fonds de buyout peut cibler un TRI de ~12 % net. Ramify, de son côté, indique sélectionner des fonds sur la base de leur historique de performance du gestionnaire, gageant que les fonds proposés maintiendront ces niveaux. Il est trop tôt pour avoir du recul sur les performances réalisées via ces plateformes (beaucoup de fonds sont encore en cours). Toutefois, on peut citer que le capital-investissement français dans son ensemble a historiquement généré ~13 % net par an sur 10 ans. Les investisseurs peuvent donc s’attendre – sans garantie – à des rendements de cet ordre de grandeur s’ils diversifient sur de bons fonds. Bien sûr, la dispersion est importante : un fonds top quartile peut faire du 20 % l’an, un fonds médiocre fera à peine 5 %. D’où l’importance de bien choisir (on y reviendra en semaine 4).
Assurance-Vie
Une autre façon particulièrement attractive d’investir dans le Private Equity pour les particuliers est de passer par des contrats d’assurance-vie proposant des unités de compte en capital-investissement. Parmi ces contrats, Linxea Spirit 2 est souvent cité en exemple grâce à son accessibilité, sa flexibilité et ses frais réduits.
Concrètement, investir dans le Private Equity via une assurance-vie telle que Linxea Spirit 2 présente plusieurs avantages significatifs :
- Accessibilité renforcée : Contrairement aux plateformes traditionnelles qui exigent parfois des tickets élevés (souvent 10 000 à 100 000 € minimum), les contrats d’assurance-vie offrent des tickets d'entrée beaucoup plus bas, parfois dès quelques centaines ou milliers d’euros seulement selon les fonds proposés.
- Fiscalité avantageuse : L’un des atouts majeurs de l’investissement en Private Equity à travers une assurance-vie est sa fiscalité attractive. En effet, après 8 ans, les gains bénéficient d’un abattement annuel (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple), réduisant sensiblement l’imposition sur les plus-values.
- Flexibilité améliorée : Bien que le Private Equity soit naturellement peu liquide (blocage habituel de 8 à 10 ans), la détention de ces actifs via une assurance-vie comme Linxea Spirit 2 offre une possibilité théorique de sortie anticipée. Attention cependant : cette liquidité relative dépend fortement des conditions contractuelles spécifiques à chaque support, et toute sortie anticipée entraîne généralement une pénalité ou une décote sur la valeur de vos parts.
- Diversification facilitée : Via des unités de compte dédiées, vous avez accès à des fonds diversifiés qui sélectionnent plusieurs dizaines d’entreprises non cotées, ce qui réduit significativement votre risque d'investissement individuel.
Cependant, il est essentiel de bien comprendre les frais qui accompagnent ce type d’investissement : outre les frais inhérents au fonds (généralement autour de 2 %/an + commission de surperformance), le contrat d’assurance-vie prélève également des frais de gestion annuels complémentaires, généralement situés entre 0,5 et 1 % selon les contrats. Par exemple, Linxea Spirit 2 prélève environ 0,5 à 0,6 % de frais annuels supplémentaires.
Par ailleurs, il existe également d’autres contrats d’assurance-vie proposant du Private Equity, tels que Private Vie (Nortia), Boursorama Vie, ou encore Darjeeling (Placement-direct.fr), chacun ayant ses particularités en termes de frais, de fonds proposés et de flexibilité.
Ainsi, le choix d'une assurance-vie pour investir en Private Equity est une solution particulièrement intéressante pour ceux qui souhaitent combiner fiscalité attractive, accessibilité financière et diversification, tout en restant vigilants sur les frais additionnels liés à ces produits.
Plateformes de crowdequity (investissement direct dans des startups/PME)
Le financement participatif en actions (equity crowdfunding, ou crowdequity) a vraiment décollé en France après 2015 avec la création d’un cadre règlementaire (statut de Conseiller en Investissements Participatifs – CIP). Plusieurs acteurs se sont lancés, proposant aux particuliers de devenir actionnaires de jeunes entreprises innovantes ou de PME en expansion. Voici les principales plateformes françaises et leurs caractéristiques :
- WiSEED – Lancée en 2008, c’est le pionnier du secteur en France. WiSEED a d’abord financé des startups innovantes (cleantech, santé, digital…) puis a élargi à l’immobilier et aux projets ENR. Ticket minimum ~100 €, ce qui permet à chacun de participer. WiSEED réalise une sélection stricte des dossiers (moins de 5 % des projets reçus sont retenus selon eux) et présente sur son site un score de réussite de ses levées. À fin 2024, plus de 200 startups ont été financées via WiSEED. Les frais pour l’investisseur sont quasi nuls à l’entrée (la plateforme se rémunère surtout auprès des entreprises financées). En revanche, une commission de sortie peut s’appliquer en cas de plus-value à l’issue (par ex. 5-10 % du gain). WiSEED affiche un TRI global positif sur ses opérations sorties, mais ce chiffre a peu de sens car très variable selon les projets. En pratique, beaucoup de participations n’ont pas encore de sortie, certaines ont été radiées (échecs). Le crowdequity est un jeu de patience et de sélection : WiSEED recommande de diversifier sur au moins 5 à 10 projets. Avantage : plateforme expérimentée et généraliste, avec communauté active. Inconvénient : liquidité quasi inexistante (pas de marché secondaire officiel, juste des échanges de gré à gré parfois).
- Anaxago – Créée en 2012, Anaxago s’est positionnée sur le financement de PME et projets immobiliers. Elle propose deux volets : le crowdfunding immobilier (qui représente l’essentiel de ses volumes ces dernières années) et le crowdequity entreprises (souvent des PME plus établies ou des startups en late stage). Ticket min là aussi autour de quelques centaines d’euros. Anaxago se distingue en ayant internalisé une société de gestion : elle a lancé des fonds (FCPR) et un fonds de fonds (AxClimat I mentionné plus haut) pour permettre aux investisseurs plus importants de se positionner autrement qu’en direct. En crowdequity pur, Anaxago a financé des success stories comme Agriconomie (place de marché agri) ou Devialet (enceintes audio) – certaines ont bien progressé mais pas forcément eu d’exit encore. La plateforme communique sur un taux de rendement interne élevé sur l’ensemble de ses projets, mais là encore ce sont des chiffres à prendre avec prudence (basés sur les sorties réussies). Avantage : offre multi-secteurs (immobilier, innovation…) et possibilité d’évoluer vers des fonds plus diversifiés. Inconvénient : frais parfois moins visibles (par exemple sur les opérations immobilières, il y a des frais d’entrée pour l’investisseur).
- LITA.co – Anciennement 1001pact, LITA s’est spécialisée dans l’investissement à impact social et environnemental. Sur LITA, on finance des entreprises qui cherchent un impact positif (transition écologique, entrepreneuriat social, ESS…). Ticket min ~100 € également. La plateforme fait un gros travail de reporting d’impact et de pédagogie sur les projets (mesure des tonnes de CO2 évitées, nombre d’emplois créés, etc.). Le corollaire est que les opportunités sont parfois moins “scalable” ou rentables financièrement pures, car priorisant l’impact. Néanmoins, certaines boîtes peuvent réussir fortement. LITA a par exemple financé Toast Ale (bière anti-gaspi) ou Solarama (centrales solaires citoyennes). C’est un choix pour donner du sens à ses investissements, en acceptant éventuellement un rendement moindre (mais ce n’est pas garanti, il peut aussi y avoir de belles performances).
- Sowefund – Positionné sur les startups innovantes grand public. Fonctionnement proche de WiSEED. A noté, Sowefund a cofondé un Club Entrepreneurs & Investisseurs et participe à des cofinancements avec des fonds.
- Finple – Plus petit acteur, basé à Nantes, assez actif sur des PME locales et régionales. Finple met en avant la proximité et un accompagnement des dirigeants. Moins de projets, mais certain succès comme Easybike (mobilité électrique).
- Raizers – Bien que plus axée immobilier et dette, Raizers propose aussi du capital PME. Particularité : ouvert à l’international (investisseurs de toute l’Europe) avec une orientation business angels club.
- Crowdcube (UE) – Impossible de parler de crowdequity sans mentionner Crowdcube, leader britannique qui s’est ouvert à l’Europe continentale. Ticket minimum ultra-bas (10 €) ce qui permet à n’importe qui d’investir de petites sommes. Crowdcube a accueilli des campagnes célèbres (Monzo Bank, Revolut, BrewDog…). Pour un investisseur français, c’est l’occasion d’accéder à des startups européennes en phase de levée de fonds communautaire. Attention toutefois : l’environnement juridique est anglais (mais Crowdcube a une entité européenne post-Brexit). Les documents sont en anglais et les montages souvent via des véhicules (nominee) qui portent les parts pour le compte des investisseurs. Crowdcube ne facture pas de frais aux investisseurs à l’entrée, mais applique ~1,5 % de frais de transaction lors d’une revente de titres sur son mini marché secondaire (ils ont un système appelé Cubex permettant aux détenteurs de revendre quand il y a des fenêtres de liquidité). Seedrs est un concurrent équivalent (ils avaient envisagé de fusionner avec Crowdcube, finalement non). Pour un investisseur français, ces plateformes offrent beaucoup d’opportunités de startups, mais il faut bien analyser chaque dossier (ce sont souvent des sociétés en amorçage ou série A, risque maximum).
En termes de frais et conditions côté crowdequity : généralement, pas de frais d’entrée pour l’investisseur, la plateforme se rémunère auprès des entreprises (facturation de la levée réussie). Parfois, un “carry” sur succès est prévu : par ex. Anaxago et Sowefund peuvent prendre ~5-10 % des plus-values réalisées par les investisseurs lors d’une sortie (ce qui aligne les intérêts, la plateforme ne gagnant vraiment que si l’investisseur gagne aussi). Il faut regarder les CGU de chaque plateforme. Sur la performance atteinte : le crowdequity est très aléatoire. Quelques sorties positives (IPO ou rachats) peuvent donner des multiples énormes (x5, x10…), mais la majorité des participations stagnent longtemps ou échouent. Par exemple, un investisseur ayant misé sur 10 startups pourrait en voir 5 faire faillite (perte totale), 3 survivre sans événement de liquidité pendant 8-10 ans, et 2 réussir avec des multiples x3 et x8. Son portefeuille global serait alors gagnant, grâce aux deux succès, mais il aurait pu tout aussi bien n’avoir aucun “gros lot”. Il faut accepter une forte incertitude. D’où l’importance d’investir de petites sommes sur beaucoup de projets pour augmenter les chances d’avoir une pépite.
Avantages et inconvénients comparés des plateformes
Chaque type de plateforme a ses plus et ses moins. Récapitulons les avantages et inconvénients principaux :
- Accès à des fonds via plateformes (Moonfare, Ramify…) : Avantages : offre une vraie diversification car en investissant dans un fonds vous détenez indirectement des dizaines d’entreprises ; la sélection est faite par des gestionnaires expérimentés, ce qui augmente les chances de réussite ; c’est clé en main (pas besoin de choisir vous-même chaque entreprise). Inconvénients : ticket d’entrée élevé pour certains (100 k€ sur Moonfare par ex., même si Ramify abaisse à 1 k€) ; argent bloqué ~10 ans (considérez que c’est illiquide jusqu’au terme, même si des solutions secondaires existent ça reste limité) ; frais de gestion importants (les 2 %/an + carry du fonds, plus éventuellement des frais de plateforme). Ce type de plateforme convient à ceux qui veulent du Private Equity sans y consacrer trop de temps, en délégant la gestion à des pros, et qui ont une capacité d’investissement déjà conséquente.
- Crowdequity via plateformes (WiSEED, Anaxago…) : Avantages : très accessible (dès 100 € sur beaucoup de sites) ; excitant et formateur (on analyse les startups, on vit l’aventure entrepreneuriale de l’intérieur, on peut parfois échanger avec les fondateurs via la plateforme) ; possibilité de fortes plus-values individuelles (si on a la chance de dénicher une future licorne, la récompense est énorme). Inconvénients : risque maximal sur chaque dossier, d’où nécessité de diversifier sur de nombreux projets pour espérer un rendement moyen positif ; temps et connaissance requis pour bien choisir (il faut étudier les business plans, le marché, etc., ce n’est pas évident pour un non-spécialiste) ; suivi administratif (sociétés non cotées – assemblées générales, pactes d’actionnaires – la plateforme aide mais c’est plus impliquant que d’acheter un simple fonds) ; là encore illiquidité totale dans 90 % des cas (à moins qu’un marché secondaire soit proposé, ce qui reste rare et ponctuel). Ce modèle convient plutôt aux investisseurs passionnés par les startups/PME, prêts à y consacrer du temps et à prendre des risques élevés pour potentiellement d’excellents retours sur quelques lignes.
En pratique, ces approches ne sont pas mutuellement exclusives : un investisseur peut très bien mettre une partie de son budget Private Equity dans un fonds diversifié via Moonfare/Ramify (pour assurer un “noyau dur” de rendement stable autour de 8-12 % annuel attendu), et allouer une autre partie à du crowdequity sur quelques startups coups de cœur (en sachant que peut-être une ou deux exploseront à la hausse). L’alignement avec votre profil est crucial : si vous n’avez ni le temps ni l’expertise, s’appuyer sur des professionnels via des fonds est probablement plus raisonnable. Si au contraire vous voulez vivre l’investissement de manière plus proche du terrain et pouvez encaisser des pertes, le crowdequity offre cette opportunité unique d’entrer au capital de jeunes pousses innovantes.
Pour finir ce tour d’horizon, soulignons que le cadre règlementaire évolue pour favoriser l’accessibilité : au niveau européen, le règlement ECSP (European Crowdfunding Services Providers) uniformise depuis 2023 les règles du crowdfunding, permettant aux plateformes de passporter leur activité dans toute l’UE. Cela ouvre la porte à une concurrence accrue et à une offre élargie pour les investisseurs (on peut imaginer demain investir depuis la France sur une PME allemande via une plateforme espagnole réglementée au niveau européen, etc.). D’autre part, les fonds ELTIF 2.0 arrivent (avec des minimums de souscription réduits, et la possibilité pour la gestion de fournir des fenêtres de sortie anticipée). Tout cela concourt à rendre le Private Equity plus accessible que jamais en 2025. Mais accessible ne veut pas dire dénué de risques – comme nous l’avons vu, la vigilance s’impose sur la sélection des projets/fonds et sur l’adéquation avec vos objectifs.
Dans l'article suivant, nous aborderons le comment investir concrètement – avec un guide pratique : comment choisir un fonds, quels critères analyser, comment optimiser fiscalement, etc., afin que vous puissiez appliquer ces connaissances de marché à votre propre plan d’investissement en Private Equity.