Analyse : Ce Que Vaut Vraiment le Fonds Altaroc Odyssey 2024
Analyse : Ce Que Vaut Vraiment le Fonds Altaroc Odyssey 2024
Altaroc Odyssey 2024 est un fonds de private equity ouvert aux particuliers dès 100 000 € d’investissement. Proposé par Altaroc, ce fonds de fonds promet un accès privilégié à des fonds de capital-investissement de premier plan habituellement réservés aux institutionnels. Mais que vaut-il vraiment, et à quoi s’attendre si vous y souscrivez ? Pour le savoir, nous allons passer en revue ce fonds point par point, en suivant la checklist de l’investisseur en private equity : caractéristiques clés, qualité des gérants, diversification géographique et sectorielle, structure de frais, performances attendues et enfin principaux atouts et limites. Spoiler : ce véhicule ambitieux offre une diversification exceptionnelle, mais il comporte aussi son lot de frais et d’illiquidité, à bien comprendre avant de se lancer.
Les caractéristiques clés d’Altaroc Odyssey 2024
Altaroc Odyssey 2024 est un fonds de fonds combiné à des co-investissements directs. Concrètement, environ 80 % des capitaux seront investis dans une sélection de 5 à 7 fonds de private equity gérés par des sociétés renommées (stratégies Growth Equity et LBO), et environ 20 % en investissements directs aux côtés de ces mêmes gérants. Cette répartition permet de bénéficier de la diversification d’un fonds de fonds tout en accentuant l’exposition sur quelques entreprises spécifiques via les co-investissements (avec potentiellement moins de frais sur cette portion, nous y reviendrons).
Taille et horizon : Odyssey 2024 vise un volume d’environ 500 M€ d’engagements, avec une durée de placement d’environ 10 ans (typiquement sans possibilité de retrait anticipé, le capital étant bloqué sur la durée du fonds). L’apport minimum de 100 000 € le réserve à des investisseurs avertis.
A noter, Altaroc a déjà levé plus de 1,3 milliard d’euros auprès d’environ 7000 investisseurs privés via ses différents millésimes depuis 2021 – un signe de l’engouement croissant pour ce type de véhicule grand public.
Accessibilité et cadre fiscal : Odyssey 2024 est éligible aux contrats d’assurance-vie luxembourgeois (permettant aux investisseurs de l’inclure dans une police d’assurance-vie pour profiter d’une enveloppe fiscale avantageuse).
Avant d’aborder la stratégie d’investissement, signalons que dès le premier closing (juin 2023), Altamir – un investisseur institutionnel bien connu, coté à la bourse de Paris et affilié à Apax Partners – a investi 30 M€ dans Odyssey 2024 en tant qu’investisseur anchor. C’est un gage de confiance initial, Altamir ayant lui-même une longue expérience des fonds de private equity.
Les gérants sélectionnés et leur historique
L’un des points forts annoncés d’Altaroc Odyssey 2024 est la qualité des gérants partenaires. Altaroc n’investit pas dans n’importe quel fonds : son équipe de sélection a analysé des dizaines de fonds gérés par des sociétés de gestion globalement réputées, pour au final n’en retenir que 5 à 7 dans le portefeuille. L’idée est de choisir des fonds “top quartile”, c’est-à-dire du meilleur niveau de performance de leur catégorie, gérés par des équipes avec un long track-record et une capacité prouvée à générer de la performance de façon constante (et avec un faible taux de perte en capital).
Parmi les noms cités dans la sélection Odyssey 2024, on retrouve par exemple : Thoma Bravo (un des leaders mondiaux du LBO tech, spécialiste des logiciels d’entreprise), Summit Partners (pionnier du growth equity depuis les années 1980, ayant financé de nombreuses entreprises technologiques en forte croissance), Bridgepoint (acteur européen de premier plan dans le mid-cap, avec des fonds dédiés aux PME en expansion), Vitruvian Partners (société européenne de capital-développement axée sur la tech et les services, connue pour ses multiples investissements à succès), ou encore General Atlantic, Inflexion, Nordic Capital, Five Arrows (Rothschild & Co) et Vista Equity Partners via leurs fonds mid-market. Ces gestionnaires ont tous en commun d’avoir levé et investi des milliards d’euros au fil des décennies, avec des résultats probants. Par exemple, Thoma Bravo affiche historiquement des retours très élevés dans le secteur logiciel, tandis que Bridgepoint et Vitruvian ont accompagné de nombreuses entreprises européennes devenues leaders sur leurs niches.
Ce panel couvre une belle diversité de tailles d’entreprises et de styles d’investissement, tout en restant concentré sur des gérants expérimentés et de premier rang qui ont généré un TRI minimum de 15% sur leurs fonds précédents.
L’allocation géographique du portefeuille
Sur le plan géographique, Odyssey 2024 offre une diversification internationale équilibrée. La cible d’allocation régionale est d’environ 45 % en Amérique du Nord, 45 % en Europe, et 10 % en Asie/Reste du monde. Cette répartition 45/45/10 marque d’ailleurs un léger ajustement par rapport aux millésimes précédents d’Altaroc, où la part Asie/monde pouvait atteindre 20 % – la direction a choisi de la réduire à 10 % pour 2024, recentrant le portefeuille sur les deux zones principales que sont l’Amérique du Nord et l’Europe.
Pourquoi ce choix ? Probablement parce que l’Amérique du Nord et l’Europe concentrent la majorité des opportunités en private equity accessibles et offrent un historique de performance plus régulier. Les États-Unis en particulier représentent le plus grand marché du LBO et du capital-développement, avec de nombreux fonds très performants, tandis que l’Europe permet aussi de saisir des opportunités plus locales ou spécifiques (et correspond bien à l’ADN d’Altaroc, qui est à l’origine une plateforme française). L’Asie et les autres régions émergentes, bien qu’en croissance, peuvent présenter des défis supplémentaires (en matière de risque pays, devises, cadres juridiques). En les limitant à 10 %, le fonds garde une option d’exposition à ces marchés dynamiques tout en contrôlant l’impact sur le portefeuille global.
Concrètement, les fonds sélectionnés reflètent ce mix géographique. Par exemple, Summit Partners XII et Thoma Bravo (XVI et Discover V) sont axés sur l’Amérique du Nord, tandis que Bridgepoint, Vitruvian, Inflexion ou Nordic Capital investissent principalement en Europe. Certains gérants sont globalisés (General Atlantic déploie des capitaux dans le monde entier, Vitruvian également bien que centré Europe). Au final, un investisseur d’Odyssey 2024 aura indirectement des participations dans des entreprises situées aussi bien aux États-Unis qu’en Europe occidentale (Royaume-Uni, France, Allemagne, pays nordiques…) et un peu en Asie ou autres régions via les fonds globaux. Cette diversification géographique réduit le risque de dépendre de la conjoncture d’une seule zone. C’est un atout, car les cycles économiques peuvent différer entre les continents – avoir un pied de chaque côté de l’Atlantique permet de lisser la performance et de capter la croissance là où elle se trouve.
Le choix des secteurs ciblés
Altaroc Odyssey 2024 met l’accent sur des secteurs en croissance jugés porteurs sur le long terme. Les quatre secteurs clés affichés sont : Technologie & Logiciels, Santé, Services (notamment services B2B) et Consommation (notamment numérique). Ces thématiques recoupent en fait les domaines de prédilection des fonds sous-jacents sélectionnés. Par exemple, Thoma Bravo et Vista se concentrent quasi exclusivement sur les éditeurs de logiciels et entreprises technologiques (cybersécurité, fintech, etc.), un secteur qui a historiquement très bien performé en private equity. Nordic Capital et Bridgepoint aiment beaucoup les entreprises de santé (cliniques, technologies médicales, laboratoires pharmaceutiques) ainsi que les services aux entreprises (B2B). Summit Partners et General Atlantic investissent dans un mix de tech, de services et aussi dans le digital consumer (des entreprises orientées vers le consommateur mais avec une composante numérique forte, par ex. e-commerce, plateformes en ligne). Vitruvian est également reconnu pour cibler des pépites technologiques, des sociétés de services innovants et quelques actifs de consommation.
Pour un investisseur, il est important de noter que cela signifie aussi une certaine concentration thématique : par exemple, une part significative des entreprises en portefeuille seront des sociétés technologiques (logiciels, data, internet). Il s’agit de secteurs très dynamiques, mais qui peuvent être sensibles aux cycles (valorisations tech en dents de scie, etc.). Néanmoins, la diversification entre quatre grandes verticales (Tech, Santé, Services, Conso) apporte un équilibre : si l’une traverse une passe plus difficile, les autres peuvent compenser.
Un point positif : Altaroc évite les secteurs trop cycliques ou en déclin. Vous ne retrouverez pas dans Odyssey 2024 de l’extraction de pétrole ou de l’immobilier pur par exemple. L’orientation est résolument sur des industries “growth”, ce qui correspond bien à l’objectif d’un fonds de private equity visant le long terme. Pour un néophyte, on peut résumer que votre argent travaillera surtout dans la tech et la santé, via des entreprises innovantes possédant un fort potentiel de croissance.
La structure de frais et son impact sur la performance nette
Passons à un aspect parfois moins glamour, mais crucial : les frais du fonds. Investir en private equity via un fonds de fonds comme Odyssey 2024 implique plusieurs niveaux de frais, qu’il faut comprendre car ils affecteront directement le rendement net pour l’investisseur.
Frais de gestion annuels : Altaroc facture des frais de gestion dégressifs, allant de 2,5 % à 1,65 % par an selon le montant souscrit. Concrètement, si vous investissez le minimum (100k€), attendez-vous à payer autour de 2,5 % par an de frais sur les montants appelés, alors qu’un très gros souscripteur bénéficiera d’un taux plus faible (1,65 %). Ces frais servent à rémunérer la société de gestion pour la sélection des fonds, le suivi des investissements, la gestion administrative, etc.
Commission de performance (carried interest) : particularité du modèle Altaroc, le carried interest de 20 % n’est appliqué que sur la portion co-investissement. En clair, Altaroc ne prendra pas de commission de surperformance sur les 80 % investis dans les fonds partenaires (puisque ces fonds ont eux-mêmes leur propre carried interest interne, généralement ~20 % également). En revanche, pour les 20 % du portefeuille investis directement dans des entreprises, si ces investissements génèrent des plus-values, Altaroc en prélèvera 20 % (au-delà d’un certain hurdle peut-être, détail à vérifier dans la documentation). Cette structuration est plutôt vertueuse car elle évite une double couche de carried sur la majeure partie du portefeuille : vos investissements via les fonds paieront le carried aux gestionnaires des fonds, mais pas un sur-carried à Altaroc. Vous ne payerez une commission de performance à Altaroc que sur la plus-value des co-investissements, ce qui semble justifié puisqu’il s’agit de deals sourcés et négociés par leur équipe propre.
Frais des fonds sous-jacents : Il ne faut pas oublier que les fonds dans lesquels Odyssey 2024 investit ont, chacun, leurs propres frais (typiquement ~2% de management fee et 20% de carried). Ceux-ci sont prélevés avant que les performances remontent à Odyssey. C’est inhérent au concept de fonds de fonds : une partie du rendement brut est “mangée” par les frais des fonds sélectionnés, puis le solde est éventuellement entamé par les frais du véhicule Altaroc lui-même. Au total, si on cumule tout, l’impact des frais est significatif. D’après le Document d’Informations Clés d’Odyssey 2024, les coûts totaux représenteraient environ 3,34 % par an en moyenne (pour un investissement type sur 10 ans). Cela inclut les frais récurrents et la part de carried moyenne. Dit autrement, ces frais peuvent diminuer le rendement annuel de plus de 3 points. Ce n’est pas surprenant dans le non-coté (les fonds traditionnels ayant déjà ~2 %+20 % de frais) et c’est le “prix à payer” pour accéder à ces opportunités privées. Mais l’investisseur doit en avoir conscience : si les actifs bruts dégagent, par exemple, 15 % de rendement, il n’en restera net que ~12 % après frais.
En revanche, aucun frais d’entrée ou de sortie n’est facturé directement par Altaroc (hors éventuellement frais d’intermédiaire ou de contrat d’assurance-vie). C’est appréciable car ça évite un ticket d’entrée amputé dès le départ.
L’investissement fonctionne par appels de fonds progressifs (vous ne versez pas 100 % dès le début, les montants sont appelés au fur et à mesure des besoins d’investissement, ce qui allège le coût d’opportunité). Cela aussi, c’est standard dans le private equity mais important à noter pour un particulier habitué aux placements liquides : ici, votre engagement de 100k€ sera peut-être appelé sur 2-3 ans.
En résumé, Odyssey 2024 présente une structure de frais dans la moyenne haute du secteur (logique pour un fonds de fonds). L’impact sur la performance nette sera notable : il faudra que les investissements sous-jacents performent très bien pour délivrer un rendement satisfaisant après ces frais. C’est pourquoi Altaroc mise sur des fonds “top quartile” – parce qu’un fonds moyen à 10 % brut ne donnerait plus qu’environ 6-7 % net à l’investisseur final, ce qui devient peu attrayant compte tenu du risque et de l’illiquidité. Heureusement, les objectifs affichés semblent plus ambitieux, comme on va voir avec les performances visées.
Les performances annoncées et les références passées
Quelles performances peut-on espérer d’un investissement dans Altaroc Odyssey 2024 ? Le fonds étant tout nouveau, il n’a évidemment aucun historique propre encore. Il faut donc se fier aux performances annoncées (objectifs) et aux références des fonds comparables.
Altaroc communique une hypothèse de rendement d’environ 13 % par an net de tous frais sur la durée du fonds, soit un multiple d’environ 1,7x le capital engagé sur 10 ans. Ce n’est qu’un objectif non garanti, basé sur des données historiques du capital-investissement, mais cela donne une idée de l’ambition. D’ailleurs, cette cible est cohérente avec la performance moyenne constatée sur le marché : historiquement, le capital-investissement français a généré aux alentours de 13 % de TRI net annuel sur 10 ans, contre ~10 % pour l’indice boursier S&P500. Les meilleurs fonds de private equity font bien plus (souvent 20 %+ de TRI net), là où les moins bons peinent à 5-7 %. En visant ~13 %, Odyssey 2024 se situe donc dans la fourchette « normative » du secteur, espérant profiter de l’effet portefeuille de plusieurs fonds pour atteindre ce rendement à deux chiffres.
Et qu’en est-il des performances passées des précédents millésimes Altaroc ? Pour l’instant, difficile de juger, car Odyssey 2021, 2022, 2023 sont encore en phase d’investissement. On sait simplement qu’ils ont levé des montants importants (plusieurs centaines de millions chacun) et investi selon des principes similaires. Il faudra attendre quelques années de plus pour avoir un recul sur la performance réalisée. Néanmoins, le fait qu’Altamir (investisseur professionnel) ait remis au pot chaque année de 2021 à 2024 est un indicateur que, pour l’instant, la stratégie doit se dérouler comme prévu.
En résumé, il est raisonnable d’espérer un rendement net à deux chiffres (10-15 % par an) si le contexte économique reste favorable et que les gérants sélectionnés délivrent des performances comparables à leurs précédents fonds. C’est l’objectif affiché même si il faut bien sûr garder à l’esprit que rien n’est garanti.
Avantages, limites, forces et faiblesses d’Odyssey 2024
Pour terminer cette analyse, dressons un bilan des principaux points forts et points faibles du fonds Altaroc Odyssey 2024, afin d’aider chaque investisseur à déterminer si ce véhicule correspond à ses objectifs.
✅ Avantages / Points forts :
- Diversification exceptionnelle – En investissant dans 5 à 7 fonds couvrant des centaines d’entreprises à travers le monde, l’investisseur obtient un portefeuille ultra-diversifié d’un seul coup. Cela réduit fortement le risque idiosyncratique (lié à une seule entreprise ou un seul fonds). Vous ne pariez pas sur une seule startup, mais sur des dizaines d’entreprises établies, ce qui augmente les chances d’avoir des succès qui compensent les éventuels échecs.
- Accès à des fonds élites autrement inaccessibles – Des gestionnaires comme Thoma Bravo, Vista, Summit ou Nordic Capital sont habituellement réservés aux grands institutionnels avec des tickets d’entrée de plusieurs millions. Via Odyssey 2024, un particulier peut accéder à ce “club fermé” avec 100k€, mutualisés avec d’autres, pour atteindre le minimum requis. C’est une opportunité rare d’investir aux côtés des meilleurs, ce qui est un gage de potentiel de performance.
- Expertise de l’équipe Altaroc – Le fonds est géré par une équipe expérimentée (plus de 65 professionnels) qui réalise la due diligence des fonds, négocie les allocations, et suit les investissements. Les fondateurs d’Altaroc sont issus du milieu du private equity et ont su attirer un large public depuis 2021. Cette expertise professionnelle évite à l’investisseur d’avoir à sélectionner lui-même des fonds ou entreprises – un vrai plus pédagogique et pratique.
- Co-investissements ciblés – Les 20 % en co-investissement permettent d’augmenter l’exposition sur certaines pépites identifiées aux côtés des gérants partenaires, sans double couche de frais (pas de frais de fonds intermédiaire sur cette portion). Si ces deals directs réussissent, ils pourront booster la performance globale du portefeuille. C’est un facteur de surperformance potentielle par rapport à un fonds de fonds 100 % classique.
- Transparence et reporting – Altaroc met en avant une politique de communication régulière : rapports trimestriels, rapports ESG annuels, webinaires, etc. L’investisseur n’est pas laissé dans le flou pendant 10 ans ; il reçoit des informations sur les évolutions du portefeuille (valorisations, exits, nouveaux investissements). Cette transparence crée une relation de confiance et permet de mieux comprendre où va son argent, ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres fonds plus opaques.
- Cadre fiscal optimisé possible – Le fait que le fonds soit éligible en unité de compte d’assurance-vie (via certains assureurs luxembourgeois) peut être un atout pour ceux qui cherchent à combiner performance du private equity et fiscalité allégée. Dans un contrat d’assurance-vie, les gains ne sont taxés qu’en cas de rachat et bénéficient d’abattements après 8 ans, etc. C’est une option à considérer pour les investisseurs concernés.
⚠️ Limites / Points faibles :
- Montant d’entrée élevé – 100 000 € minimum, c’est une barrière à l’entrée substantielle. Cela réserve Odyssey 2024 à une clientèle aisée. Pour beaucoup d’épargnants, c’est trop élevé pour mettre “tous les œufs dans le même panier”. Il est conseillé de ne pas consacrer plus de 5-10 % de son patrimoine à ce type d’investissement risqué ; avec un ticket de 100k€, cela suppose d’avoir au moins 1-2 M€ à investir au total pour rester diversifié.
- Illiquidité pendant 10 ans – Il faut être prêt à bloquer son capital sur le long terme. Il n’y a aucune liquidité organisée avant l’échéance du fonds (sauf cas de force majeure éventuellement). Contrairement à la bourse, impossible de revendre ses parts facilement si on a besoin de cash ou si on change d’avis. C’est le propre du capital-investissement : il faut un horizon long et une tolérance à l’immobilisation. L’investisseur doit donc s’assurer qu’il n’aura pas besoin de ces fonds et qu’il est psychologiquement à l’aise avec l’idée de ne pas pouvoir “sortir” rapidement.
- Frais élevés – Comme détaillé plus haut, la couche de frais est conséquente (~3%+ par an en tout). Cela pèse sur la performance nette. Par exemple, si le portefeuille brut fait +15%/an, l’investisseur n’en verra peut-être que +12%. Si le portefeuille ne fait “que” +10%, le net pour l’investisseur tomberait autour de +7%. Il faut donc que la sélection soit vraiment excellente pour dégager un rendement net satisfaisant. C’est un pari sur la capacité d’Altaroc à choisir les bons chevaux. L’investisseur accepte de payer ces frais pour la commodité et l’accès apportés, mais il doit rester conscient qu’une partie de la performance lui échappe du fait des coûts.
- Double dépendance aux gérants externes – Odyssey 2024 ne dépend pas que de l’équipe Altaroc, mais aussi et surtout des gérants des fonds sous-jacents. Si l’un de ces fonds performe mal, Altaroc ne peut pas y faire grand-chose. Il y a donc une dilution du contrôle : l’investisseur final est tributaire de la qualité de gestion de plusieurs équipes distinctes. Certes, elles sont triées sur le volet, mais le risque de contre-performance d’un fonds n’est jamais nul (un mauvais choix d’investissement, un retournement de marché sectoriel, etc.).
- Concentration sectorielle relative – Même si le fonds est diversifié, on l’a vu, il reste orienté majoritairement sur la Tech/Software et la Santé. En cas de choc global touchant spécifiquement les tech (par ex. éclatement d’une bulle valuations, ou régulation drastique) ou le secteur de la santé, le portefeuille pourrait corriger significativement. Il manque peut-être d’exposition à des secteurs plus décorrélés (industrie traditionnelle, énergie, finance…) – un choix assumé, mais c’est à savoir. Un investisseur qui serait déjà très exposé à la tech par ailleurs doit y prêter attention pour ne pas surcharger ce secteur dans son allocation globale.
- Pas de garantie en capital – Cela va de soi, mais rappelons-le : on peut perdre de l’argent. Le capital n’est pas garanti et les rendements passés des gérants ne préjugent pas des rendements futurs.
En pesant ces éléments, on voit qu’Altaroc Odyssey 2024 est un produit bien construit, offrant ce qu’il promet en termes d’accès et de diversification, mais qu’il s’adresse à un profil d’investisseur particulier : quelqu’un de suffisamment fortuné, patient, et conscient des risques/frais, cherchant à booster le rendement de son patrimoine sur le long terme en échange d’une liquidité quasi nulle. Si vous correspondez à ce profil, ce fonds peut constituer une brique attractive dans votre allocation, aux côtés d’autres placements. Si au contraire vous débutez avec quelques milliers d’euros, mieux vaut sans doute se tourner vers des solutions plus accessibles (certains ELTIF nouvelle génération acceptent des tickets dès 5 000 ou 10 000 €, ou des plateformes de crowdequity à partir de 100 €, comme évoqué dans notre comparatif des plateformes d’investissement en 2025).
Conclusion : Faut-il investir dans Odyssey 2024 ?
En conclusion, Altaroc Odyssey 2024 apparaît comme un véhicule innovant et ambitieux pour démocratiser (partiellement) le private equity de haut vol auprès des particuliers. Il coche de nombreuses cases de la checklist idéale : stratégie claire (fonds de fonds + co-investissements, orienté growth/LBO), équipe de gestion solide (sélection rigoureuse de gérants chevronnés), diversification géographique et sectorielle bien pensée, alignement d’intérêts (Altamir investi, carry limité sur co-invest), et transparence dans le suivi. Ses points forts résident dans l’accès qu’il offre à un portefeuille qu’un investisseur seul ne pourrait pas reproduire, et l’espoir d’un rendement net attractif autour de 10-15 % l’an voire plus si tout se passe bien.
Cependant, il ne faut pas occulter ses contrparties : un ticket élevé, une liquidité nulle pendant 10 ans, et des frais substantiels qui viendront rogner la performance. Ce n’est pas un produit miracle ni un “coup” spéculatif à court terme, mais un engagement de long terme dans un univers de placement exigeant. Pour un investisseur particulier un peu expérimenté, désireux de pimenter son allocation et prêt à immobiliser 100k€ sur la décennie, Odyssey 2024 peut être un excellent moyen de jouer dans la cour des grands fonds de private equity sans y consacrer des millions.
🎯 Et vous, que pensez-vous d’Altaroc Odyssey 2024 ? Est-ce le type de fonds qui vous attire pour diversifier vos investissements, ou avez-vous des réserves à y placer une partie de votre épargne ? N’hésitez pas à partager cet article s’il vous a éclairé, et à vous abonner au Journal pour d’autres analyses d’opportunités en capital-investissement. Le savoir et la diversification sont vos meilleurs alliés pour investir sereinement dans le non-coté ! 🚀